Faure panafricaniste ou africaniste en panne ?

par SIKAA JOURNAL

Le terme est sur toutes les lèvres aujourd’hui, sur les médias, chez les leaders d’opinion, dans les rues, partout en Afrique. Tout le monde le prononce, même si on n’est pas sûr que le vocable a le même sens pour tous. Il s’agit du fameux Panafricanisme. Nous n’allons pas en faire l’historique, mais coupons court en disant que le sens transversal du mot aujourd’hui est celui qui le définit comme l’indignation, la prise de conscience, la valorisation et l’unité de l’Afrique.

Les chefs d’Etat africains qui s’y opposent sont considérés comme des traitres et ceux qui le prônent sont des héros célébrés par la majorité des Noirs à travers le monde. La pratique se traduit par les critiques envers l’Occident et la dénonciation de la colonisation et de l’impérialisme. Elle peut aller jusqu’à la rupture que sont par exemple la fermeture de radios, d’ambassades ou de bases militaires occidentales, surtout françaises. Le Mali, le Burkina-Faso et la République centrafricaine sont considérés comme champions en cette matière que plusieurs Africains appellent leurs dirigeants à apprendre.

Le Togo qui, il faut l’avouer, a toujours été assez actif dans la diplomatie continentale, surtout dans la zone sous-régionale francophone, est de plus en plus mis sur la sellette quand on parcourt les réseaux sociaux. Il est même parfois considéré comme un piège dont la France veut se servir pour neutraliser les chefs d’Etat réactionnaires militaires qui ont pris le pouvoir et se proclament ouvertement anti politique française.

La méfiance des panafricanistes envers le Togo est normale et on la comprend bien, pour peu qu’on se rappelle le rôle sulfureux que le général Eyadema a parfois joué dans la déstabilisation de certains présidents africains pour le compte de la France, une France dont il se réclamait fièrement être l’ami et qui a en retour souvent sauvé son pouvoir. Et Faure Gnassingbé est le fils de cet Eyadema qui a combattu contre les Indochinois (Vietnamiens) et les Algériens qui cherchaient à se libérer de la domination française.

Mais nos attitudes et nos convictions sont-elles congénitales, héréditaires? Non! Comparaison n’est pas raison. Faure a beau être le fils d’Eyadema, mais son âge, son parcours, ses études, ses vécus, ses ressentis et autres font de lui un être distinct de son géniteur; ça se voit. Il serait bizarre, très bizarre que ce président ne soit pas tenté d’appartenir à la mouvance de ces jeunes leaders qui cherchent à redonner à l’Afrique ses lettres de noblesse, sa fierté. Faure y va peut-être avec des moyens trop mous, mais sûr qu’il y va. S’il n’est pas panafricaniste, il est sûrement au moins un africaniste en panne; en panne à cause du pouvoir qu’il a hérité d’un père trop francophile. Le sommet du 9 juillet 2023 que le Togo organise sur le panafricanisme nous éclairera peut-être un peu plus.  

    N’djo     

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