Dans une ville comme Tsévié, l’annonce de la construction d’un marché moderne ne peut être qu’une source d’espoir pour les gens. On imagine du coup un espace dynamique, accueillant, doté de bâtiments attrayants et de commodités modernes. Des constructions neuves, un environnement propre et hygiénique. Les activités vont fleurir, la vie va renaître. C’est comme cela que les habitants de Tsévié se sont imaginé les choses quand on leur a parlé de l’inauguration du marché.
Mais bien que nouveau, allez regarder ce marché ! Il est comme un enfant frappé par cette maladie infantile qu’on appelle kwashiorkor. L’enfant est jeune mais ressemble à un vieillard à l’article de la mort. Il n’a que la peau sur les eaux.
Le marché est nouveau mais pas neuf. Est-ce à cause des matériels utilisés ? Est-ce à cause de la mauvaise finition ? En tout cas, on se souvient que, une semaine après son inauguration, la pluie qui est tombée sur la ville a vite fait d’inonder les lieux et les usagers avaient les pieds dans l’eau.
Nous sommes partis visiter ce marché et nous avons vu comment le sol a été pavé à près de 90%, sans pentes et sans caniveaux pour diriger et évacuer les eaux. Ce marché à l’inauguration duquel le chef de l’Etat devait être présent est un endroit déjà presqu’insalubre. Des cailloux entassés et laissés ici et là. Une cour disons…sale, de vieux étalages et parasols déglingués ramenés de l’ancien marché. L’esthétique déçoit, même s’il est vrai que des goûts et des couleurs, on ne discute pas. On se demande si cela vaut la peine de dépenser des dizaines de millions de francs pour le machin.
On dirait que, au lieu de choisir des entrepreneurs compétents et qualifiés, les marchés publics sont attribués sur une base de mindèfrèrisme, sans égard pour la qualité du travail, perpétuant un système où les donneurs de pots de vin font la loi, loin de toutes mesures de contrôle et de supervision pour garantir que les projets de construction respectent les normes de qualité et de transparence. La minorité qui a tout est liée par des liens familiaux, de copinage, de politique. Pour cela, les choses risquent de ne pas changer de si tôt.
