ALAIN FOKA AU TOGO : BONNE OU MAUVAISE VOIE POUR LE PANAFRICANISME ?

par SIKAA JOURNAL

Son nom était déjà bien connu des nombreux auditeurs africains de Rfi, mais c’est sa récente décision de démissionner de cette radio pour s’installer au Togo qui fait plus parler de ce journaliste chevronné. Il a choisi de déposer ses valises chez nous pour, dit-il, mieux poursuivre son engagement en faveur de l’Afrique. L’initiative est saluée par certains et décriée par d’autres. En tout cas, elle ne laisse personne indifférent et soulève des questions importantes.

Certes, Rfi est de plus en plus critiquée pour son influence souvent jugée négative sur l’Afrique. Mais ce serait intellectuellement malhonnête de refuser de voir que des émissions comme «Archives d’Afrique» d’Alain Foka ont joué un rôle positif en informant les Africains sur leurs propres mémoires. Elles ont permis de rétablir des vérités et briser des mythes qui ont longtemps obscurci la perception de l’histoire du continent. En ce sens, Foka a contribué à émanciper les esprits de générations entières et a encouragé une prise de conscience.

Aujourd’hui, il a suffi que l’homme dise se désolidariser de Rfi pour se consacrer à la lutte en faveur de l’indépendance totale de l’Afrique et boum!, certains qui ont toujours écouté religieusement ses émissions et en ont appris énormément de choses remettent en question sa loyauté envers le continent, soulignant sa carrière antérieure chez Rfi.

Pourquoi ce procès d’intention expéditif? Pourquoi ne même pas accorder le bénéfice du doute à quelqu’un qui a si longtemps bien servi? Donner aux enfants du continent la chance de faire leurs preuves est également un acte important d’amour envers l’Afrique, et donc une manifestation du panafricanisme tel que défini. Si cela est vrai, pourquoi alors Foka lui, il ne bénéficierait pas de cette chance? Et ce sont des chantres du panafricanisme qu’on voit au premier rang, en train de vilipender le journaliste. Quelles que soient leurs récriminations, ceux qui se disent panafricanistes devraient normalement soutenir les efforts de tous ceux qui œuvrent en faveur de l’autonomie africaine, peu importe les passés de ceux-ci. Et Foka qui n’a même pas un passé sulfureux, pourquoi n’est-il pas soutenu?

Si être panafricaniste, c’est défendre les intérêts du continent, alors pourquoi certains s’égosillent-ils à expliquer que Foka cherche à s’enrichir au Togo? Est-ce un problème pour un panafricaniste si quelqu’un va contribuer à sauver le continent tout en tirant profit de ses efforts? Ou bien être panafricaniste signifie t-il nécessairement être pauvre, ne rien gagner, tirer le diable par la queue?

Quelqu’un qui n’est pas fou refuserait-il une opération d’urgence à son enfant mourant, juste parce qu’il n’aime pas la provenance de l’argent qui a servi à construire l’hôpital? Non. Un étudiant sensé refuserait-il de suivre une formation diplômante, juste parce qu’il ne veut pas que son formateur gagne de l’argent? Non plus. Donc, que Foka vive de son activité ou pas, la priorité pour le panafricaniste devrait être l’Afrique qui avance.  D’ailleurs, qu’on le veuille ou non, sauver le continent aura obligatoirement un coût, en investissements, en ressources financières et même en vies humaines.

L’initiative d’Alain Foka à partir du Togo s’inscrit dans l’évolution du panafricanisme et il faut la considérer avec une bonne ouverture d’esprit, accorder le bénéfice du doute à ceux qui cherchent à la faire avancer et ne les juger que sur pièces. Peu importe le passé ou les gains financiers, l’essentiel n’est-il pas qu’on voit bientôt l’Afrique sortir de la misère et de la domination pour rentrer dans une ère de prospérité? Ou bien peut-on se dire que «le continent n’a qu’à mourir si Alain doit manger»?

A ceux qui pensent que Foka a péché en choisissant le Togo pour son Manssah, nous disons que nous sommes d’accord que le pays est politiquement mal géré et les citoyens en souffrent énormément. Mais pratiquer pour cela la politique de la terre brûlée en souhaitant que le Togo soit privé de l’implantation de banques, d’entreprises, d’institutions internationales, de Manssah…, cela nous parait déraisonnable. Pour débusquer le gibier, on ne va quand même pas mettre le feu à toute notre forêt! Je suis mordu par un serpent et c’est la pharmacie Faure qui est de garde ce jour là. Je me rappelle que le pharmacien Faure traite mal ses enfants à la maison, alors je refuse de prendre le sérum anti venin. Connerie!

L’erreur cardinale de Foka, c’est d’avoir choisi un panier à crabes pour son projet Manssah. Ici au Togo, trop de gens ont peur de voir l’autre réussir ou être heureux, sans eux.

N’djo

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