Chez nous au Togo, chaque communauté a sa fête traditionnelle. On les connait et on les étudie parfois même à l’école. Grâce à ces fêtes, chaque Togolais sait qu’il vient de quelque part, et cela lui donne une racine. Quand arrive la période de ces fêtes, certains retournent au village, ils se rendent sur la terre de leurs origines, de leurs ancêtres pour célébrer. D’autres restent dans le lieu qui les a adoptés mais sont de cœur avec leurs frères du village. Sur les médias, on en parle et le gouvernement aussi assure sa part de communication : des ministres sont envoyés pour représenter le Président de la République dans les localités. Les populations se sentent alors honorées et respectées.
Dans un pays comme le nôtre qui se veut une nation, la diversité des cultures est une richesse, puisqu’elle permet de se compléter et de se développer de manière originale. Elle est une chance, puisqu’elle peut aider à trouver des solutions aux problèmes de la vie dans divers domaines comme la médecine, la technologie, la cohésion sociale, l’alimentation etc.
On ne le voit pas tout de suite mais depuis toujours, nos cultures se mélangent et donnent naissance à de nouvelles cultures. C’est ainsi qu’aucun Togolais ne peut aujourd’hui se dire purement d’ici ou de là. En vérité, nous sommes tous des métis culturels et nous progressons vers une ‘‘culture nationale’’ qui, progressivement, se construit et les générations se reconnaitront en elle, sans grandes difficultés. Quand cela arrivera, les us et coutumes des localités persisteront sans aucun doute sous une forme, mais les populations se reconnaitront à la fois dans leurs habitudes du terroir et dans les habitudes nationales. Nos cultures selon nos différents terroirs auront ensemble donné naissance à une sorte de super culture qui couvrira toutes les autres. Et ce sera le produit normal de notre mélange, de notre acceptation mutuelle, de notre progrès par relation, par imitation, par influence.
Les grandes nations du monde donnent l’impression d’avoir leurs cultures uniques, mais en réalité, c’est ce que nous venons de décrire qui s’y est déroulé. Que comprendre alors ? Nous pouvons voir un jour notre pays parvenir à l’étape de culture nationale, source de paix sociale et de fierté partagée, si nous cessons d’encourager la division et le repli sur soi. La culture nationale crée le ciment qui réunit, construit la conscience nationale et éveille le désir d’être grand dans le monde.
Séli Yao
