Le front Touche Pas à Ma Constitution qui regroupe en son sein les opposants à la Constitution promulguée et adoptée en mai 2022 relance un autre débat, cette fois-ci purement économique. Fermement contre la gouvernance de Faure Gnassingbe, ces acteurs politiques ont tenu une conférence de presse ce mercredi 22 janvier 2025 pour critiquer la gestion opaque des deniers publics.
Si dans la plupart des pays, la politique c’est d’abord la santé, l’éducation, l’économie et le progrès social en général, au Togo, il semble que c’est tout le contraire, selon le Front TPMC.
Pour démontrer les malversations que le gouvernement aurait commises, le Front a procédé à une analyse approfondie du rapport de la cour des Comptes sur le budget de l’année 2022. À en croire ses premiers responsables, il n’y a rien que des retards, l’opacité et de graves irrégularités dans la gestion des fonds publics au Togo.
« Les constats qui sont faits nous amènent aujourd’hui à communiquer un certain nombre d’informations à la population », a dit d’entrée Nathaniel Olympio, président national du Parti des Togolais.
« Le Front Touche pas à ma Constitution félicite d’abord la cour des Comptes pour son travail d’évaluation de l’exécution du budget 2022. Toutefois, nous constatons avec inquiétude que ce rapport, pourtant essentiel, a été publié avec deux ans de retard, retard qui remet en cause son efficacité et prive les exercices 2023 et 2024 des recommandations nécessaires », peut-on lire dans la déclaration liminaire.
Le Front a également dénoncé une absence notoire et inquiétante de coopération de certains ministères, dont celui du Plan et de la Coopération, qui ont délibérément refusé de fournir leurs documents à la cour des Comptes pendant deux ans.
« Et malgré cela, aucune intervention notable de la cheffe du gouvernement ou du Chef de l’État n’a été constatée pour faire respecter cette obligation légale », informe le communiqué.
« Où sommes-nous, si ce n’est dans la jungle. Sinon, normalement, la reddition de comptes est un impératif quand on gère des fonds publics », a dit en substance Nicodème Habia.
Des chiffres qui font froid dans le dos
Selon les responsables du front TPMC, 26 sociétés d’État n’apparaissent pas, pendant que d’autres ne versent que des recettes dérisoires. Sur les 46 sociétés d’État recensées en 2020, seules 20 figurent en 2022 dans le rapport, sans aucune explication officielle. Les 20 sociétés déclarées n’ont contribué qu’avec 15,5 milliards de FCFA au budget national, une somme très faible au regard du potentiel économique de ces entreprises.
La Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) n’a versé aucun franc, trois années de suite, malgré l’importance stratégique du phosphate pour notre pays. « Où va l’argent? Le gouvernement doit s’expliquer. »
Aussi, de nombreux ministères et directions affichent des dépassements budgétaires à plus de +100 000 % (cent mille). C’est le cas de la Direction des Enseignements Préscolaire/Primaire. Le manque de prévision par programme ou par dotation rend toute évaluation impossible et fragilise la mission de la cour des Comptes. Donner beaucoup d’argent à des structures sans évaluation de leurs besoins réels ni contrôle de l’usage final est une dérive grave.
« Vous prenez le rapport de 2022, la cour des Comptes a déploré que certaines institutions et ministères ont simplement refusé de donner les documents qui permettent de faire le contrôle. C’est inacceptable, on ne peut pas le comprendre. D’autre part, le rapport de l’année 2022 n’est disponible qu’en 2024, ce qui veut dire que les recommandations faites dans ce rapport n’ont pas permis que les exercices 2023 et 2024 soient améliorés pour la prise en compte des recommandations, alors que ce type de rapport est quelque chose qui s’élabore en trois ou quatre mois maximum », a laissé entendre Nathaniel Olympio.
Le Front Touche pas à ma Constitution n’a pas seulement dénoncé, il exige un certain nombre de choses, notamment:
1- la publication rapide des rapports de la cour des Comptes dans un délai de trois à quatre mois après la clôture de l’exercice budgétaire,
2- l’obligation stricte pour chaque ministère de transmettre les documents,
3- des explications claires sur la disparition de 26 sociétés d’État et sur l’absence de contribution de la SNPT, trois années consécutives,
4- l’établissement d’un audit indépendant des sociétés d’État, particulièrement celles exploitant nos ressources naturelles, avec publication des résultats,
4- des mesures concrètes pour corriger les dépassements budgétaires et assurer une planification rigoureuse des dépenses de personnel,
5- le renforcement des mécanismes de contrôle, afin de prévenir tout gaspillage des deniers publics et garantir une gouvernance vertueuse. Les mécanismes de contrôle doivent exister concrètement, pas simplement pour cocher des cases devant la communauté internationale,
6- la création d’une plateforme numérique publique permettant aux citoyens de suivre en temps réel l’exécution budgétaire de chaque institution.
Le front «Touche Pas à Ma Constitution» toujours focus
Tout en se saisissant du travail de la cour des Comptes pour faire écho aux malversations, «Touche Pas à Ma Constitution», un front né suite au changement constitutionnel opéré au Togo, ne perd pas de vue son combat, celui de faire échouer le plan de Faure Gnassingbé qui serait en train de transformer le Togo en une monarchie à travers la fameuse constitution qui bascule le pays dans une cinquième République.
« Cette lutte n’est pas de la vitesse, mais de l’endurance… Les 20 ans de règne de Faure Gnassingbé et ses acolytes est un échec », a précisé Nicodème Habia.
« L’important, ce n’est pas de se confiner sur la question de la fameuse constitution, mais c’est d’ouvrir les yeux aux Togolais, car après tout, nous sommes un mouvement citoyen. » a conclu le N°1 du Parti des Togolais.

