Pourquoi le président de l’ANC Est-il en train d’échouer ?

par SIKAA JOURNAL

L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) traverse une crise profonde. Entre querelles internes et défections, le parti dirigé par Fabre est de plus en plus malade et si on ne prend pas garde, il entrera bientôt en phase terminale. La dernière défection en date, celle de Robert Olympio, en est un symptôme retentissant.

Pourquoi tous ces problèmes et ces départs ? La réponse est d’abord que l’ANC subit une guerre d’usure imposée par le régime qui est au pouvoir. Comme toutes les formations politiques de l’opposition, le parti est poussé dans un manque cruel de ressources financières, ce qui affaiblit sa cohésion et sa capacité à mobiliser.

C’est très illustratif quand, dans une interview accordée à Nana FM le jeudi 20 février 2025, Robert Olympio a rappelé combien lui et sa famille avaient souffert pour la cause de la démocratie, évoquant ses arrestations, l’incendie de sa maison à étages et d’autres lourdes pertes de biens. Son départ est motivé, selon lui, par la nécessité d’explorer de « nouvelles voies ». Il assume même les allégations selon lesquelles il aurait reçu 300 millions de francs CFA du président de la République pour trahir le mot d’ordre de son parti en participant à l’élection sénatoriale.

Les difficultés internes de l’ANC sont certes graves, mais au-delà d’elles, une question plus grave constituant un danger existentiel doit être mise au centre du débat : il s’agit du leadership de Jean-Pierre Fabre.

Il serait malhonnête de ne pas admettre que l’homme est aimé pour son courage, sa constance et son attachement aux idéaux de la démocratie. A plusieurs égards, il est intègre et n’a pas la langue de bois. Il appelle un chat un chat. Mais cette droiture est-elle forcément un atout ? Non, il semble qu’elle est même une faiblesse dans un contexte de lutte politique où la ruse compte plus que les bons principes. L’intelligence commande que face à l’ennemi, sans se déjuger ou trahir la cause, il faut choisir les armes appropriées.

Depuis les années 1990, le Togo est engagé dans une véritable guerre politique. Et c’est connu, en période de conflit, les peuples cherchent des chefs capables de mener le combat avec astuce, malice et ruse (la fameuse ruse de guerre). Mais Fabre s’entête à continuer à incarner une image d’honnêteté. Cela rassure de moins en moins ses troupes. Les militants du parti doutent de plus en plus qu’un tel homme puisse les conduire à la victoire face à un système implacable.

Dans une politique togolaise où l’hypocrisie, le calcul et la violence sont monnaie courante, Fabre refuse de voir la réalité en face et accumule les maladresses, au risque de se comporter finalement comme un novice.

Encore une fois, nous ne demandons pas de trahir le combat pour la démocratie, nous demandons juste plus de clairvoyance. Par exemple, à la mort de Mgr Kpodzro et de Agbéyomé Kodjo, pourquoi n’a pas été le premier à pleurer publiquement ces gens, même si on sait qu’ils sont ses ennemis jurés ? Ne pas l’avoir fait n’est pas preuve de sincérité, mais simplement une erreur monstrueuse. Pour ne pas avoir à combattre sur plusieurs fronts à la fois, le chef de l’ANC aurait pu fermer ce front ou y diminuer considérablement le combat, rien que par des larmes versées, fussent-elles des larmes de crocodile. La même chose pour la querelle entre lui et madame Adjamagbo à laquelle il continue hystériquement à réclamer des excuses pour une offense que tout le monde a déjà oubliée.

En politique, les apparences comptent souvent plus que les actes ; malheureusement.

L’angélisme est un énorme handicap dans une lutte où les coups bas sont légion. Jean-Pierre Fabre a beau vouloir être un modèle de probité, il voit bien lui-même qu’il n’échappe pas pour autant aux manigances qui ont conduit aux accusations de compromission et de connivence nocturne avec UNIR. C’est un comble pour celui qui veut être vu comme un opposant exemplaire.

L’ANC pourrait-elle survivre à la crise ? Fabre est-il l’homme de la situation pour la mener à la victoire ? La question reste ouverte, mais une chose est sûre : dans une ambiance politique délétère comme celle qui prévaut au Togo, l’honnêteté seule est loin de suffire. Pour vaincre, il faut malheureusement aussi savoir manier la stratégie, l’opportunisme et parfois, le cynisme. Le peuple en quête de chefs de guerre n’aurait rien contre. Mais Fabre est-il prêt à endosser ce rôle, ou continuera-t-il naïvement à rechercher une réputation de dernier bastion d’une politique idéaliste, en être la victime et entraîner l’ANC avec lui dans l’abîme qui se trouve déjà à quelques pas ? Nous lui conseillons d’aller lire Le Prince de Nicolas Machiavel.  

        N’djo

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