Apparemment, notre pays est attaqué par une maladie qui se propage vite, dans le silence. Il s’agit de la privatisatite chronique, ce mal qui pousse les décideurs politiques à confier à des entreprises privées étrangères, la gestion de tous les secteurs que l’Etat gérait lui-même. Et pourtant, il est question d’activités essentielles pour l’économie du pays et pour la vie quotidienne des populations.
Si l’Etat choisit exceptionnellement de privatiser une entreprise, c’est généralement pour améliorer sa situation, afin qu’elle devienne plus productive et crée plus de richesse. Au Togo, le constat est que toutes les entreprises publiques passent dans le tourbillon des privatisations. Les banques, les grands hôtels, le coton, la télécommunication avec la longue saga Togotélécom/Togocel/Togocom/Yas. Même un domaine essentiel comme le secteur de la santé n’a pas échappé à la privatisatite chronique: il a été soumis à la contractualisation.
On s’interroge sur les prochaines sociétés d’Etat et sociétés parapubliques qui tomberont dans le panier des étrangers, ces expatriés qui sont si pressés de devenir actionnaires majoritaires dans nos entreprises publiques, prouvant qu’il y a à y gagner.
Trois petites questions dérangent face à cette situation:
1-Comment expliquer que les managers togolais, qui, pour certains, ont étudié dans des universités en Europe ou aux USA ne parviennent pas à gérer comme il faut les entreprises nationales et que l’Etat soit obligé de les céder à des étrangers?
2- Avec ces étrangers qui deviennent décisionnaires, quelle garantie avons-nous de préserver l’image du Togo et préserver la qualité du service public et le coût accessible aux plus démunis, sachant que les étrangers recherchent avant tout un maximum de profit?
3-Quel risque pour l’Etat de laisser (même si ce n’est qu’une petite partie) le contrôle, la gestion, l’utilisation et l’exploitation des informations devenues stratégiques dans le monde moderne, comme les data, entre les mains d’étrangers?
Frustrés, les Togolais ont le sentiment que leurs dirigeants sont malades. Ils souffriraient d’une obstination à céder le pays aux étrangers. Pire, cette pathologie est doublée de l’incapacité d’écouter les avis du peuple qui propose par exemple qu’en privatisant, la primeur soit au moins donnée aux investisseurs nationaux pour que nous ne devenions pas esclaves dans notre propre pays.
Ce qui est curieux, c’est que nos fameux patients ne cherchent pas à guérir. Pourquoi? Est-ce peut-être vrai que derrière les étrangers, ce sont les malades qui se cachent pour continuer à accaparer encore plus les richesses du pays? C’est bien possible.

