L’école togolaise joue un rôle central dans la formation des citoyens et le développement national. Cependant, elle est confrontée à de nombreux défis qui remettent en question son efficacité et son adéquation avec les réalités sociétales et économiques. Les réformes entreprises, notamment l’introduction de l’Approche par Compétences (APC) et l’intégration du numérique, bien qu’ambitieuses, restent insuffisamment mises en œuvre et accentuent parfois les inégalités, en particulier entre zones urbaines et rurales. L’APC, qui vise à améliorer l’employabilité des jeunes, se heurte au manque de formation des enseignants et à l’insuffisance des ressources pédagogiques. De même, la digitalisation des cours bénéficie surtout aux établissements des grandes villes, creusant un fossé technologique avec les écoles en milieu rural.
Un autre problème majeur réside dans la démotivation croissante des élèves et étudiants. Selon Amouzou (2019), les programmes scolaires demeurent excessivement théoriques et déconnectés du marché de l’emploi. L’évaluation, toujours fondée sur la mémorisation, limite l’esprit critique et la créativité des apprenants, contribuant ainsi à leur désintérêt progressif. De plus, la crise des valeurs et l’absence de modèles inspirants accentuent ce malaise éducatif. Le manque d’enseignants motivés et qualifiés, associé à un déficit de perspectives professionnelles claires, entraîne une perte de repères qui affecte profondément le système éducatif.
L’insertion professionnelle des diplômés demeure un défi majeur. L’inadéquation entre formation et emploi est flagrante : de nombreuses filières sont saturées alors que des secteurs porteurs, comme l’agriculture et l’économie numérique, peinent à attirer des jeunes formés. L’entrepreneuriat, souvent présenté comme une alternative et vendu aux jeunes, souffre de l’absence de formations adaptées et des difficultés d’accès au financement, limitant ainsi son impact sur la réduction du chômage.
En somme, malgré des réformes et des avancées notables, l’école togolaise peine encore à jouer pleinement son rôle de levier pour le développement national. Une refonte profonde du système éducatif est nécessaire pour mieux aligner les formations sur les besoins du marché et offrir aux apprenants des perspectives plus claires et adaptées. La concertation entre l’État, les acteurs éducatifs et la société civile apparaît indispensable pour repenser l’éducation et en faire un véritable moteur de transformation sociale et économique du pays.
Références bibliographiques
- Abalo, K. (2021). Crise des valeurs et échec scolaire au Togo. Lomé : Éditions Universitaires Togolaises.
- Adjévi, P. (2020). Les réformes éducatives au Togo : enjeux et perspectives. Cotonou : Presses Africaines.
- Amouzou, E. (2019). Système éducatif et démotivation des élèves en Afrique de l’Ouest : le cas du Togo. Dakar : Université Cheikh Anta Diop.
- Attipoe, M. (2020). Formation et employabilité au Togo : un défi pour les jeunes diplômés. Lomé : CERED.
- Dossavi, T. (2022). Évaluation scolaire et performance des élèves togolais : une approche critique. Lomé : UL-Press.
- Kokoroko, A. (2018). Réformes éducatives et insertion professionnelle au Togo. Lomé : Université de Lomé.
- Tcham, J. (2021). Numérisation et fractures éducatives au Togo : un état des lieux. Lomé : Presses du Golfe.
Dr. Komlavi Amekplomo LOLONYO
Sociologue Politique et de la Communication / Gestionnaire de Projets
(Domaines d’intérêt et de rech. : Gouvernance politique, Conflits et médiations, Relations publiques et relations diplomatiques, Communication et Stratégies politiques)
Membre de AISLF et du labo CEROCE – Université de Lomé

