Le jour où la politique est décédée au Togo

par SIKAA JOURNAL

Dans tout État moderne, chaque élection est un moment important dans la vie nationale. Qu’il s’agisse des scrutins sénatoriaux, régionaux, législatifs ou communaux, les élections sont une occasion pour le peuple de refaçonner le paysage politique du pays. Et là, l’élection présidentielle, celle qui conduit au choix du chef de l’Exécutif, demeure de loin l’échéance la plus déterminante. Ceci est vrai dans les régimes présidentiels comme en France, mais également dans les démocraties parlementaires telles que l’Allemagne ou le Royaume-Uni, où l’élection qui aboutit au choix du chancelier ou du Premier ministre capte toute l’attention, même si ce choix n’est pas fait directement par le peuple. Même dans les sociétés moins modernes, la réalité est pareille, puisque le choix du chef du village importe toujours plus que celui de toutes les autres personnes en charge de conduire les affaires.

L’élection d’un leader politique de qualité impulse une dynamique à tous les niveaux de la vie sociale, et donc, elle captive l’attention. Au Togo, la nouvelle Constitution risque malheureusement d’enterrer ce jeu. Désormais, le chef de l’État ne sera plus choisi par le peuple, mais il sera juste une personne désignée automatiquement, c’est-à-dire le président du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Ainsi, le pouvoir de décision glisse des mains des électeurs vers les appareils partisans, privant la nation du débat et des choix sur son avenir.

Ce mécanisme peut avoir des conséquences redoutables. D’abord, il peut détourner les citoyens des urnes, faute d’enjeux visibles. Avant même l’introduction de la nouvelle Constitution, le système électoral togolais décevait quant à son équité et sa transparence. Maintenant, à ce verrouillage s’ajoutera l’indifférence populaire car, pourquoi se déplacer pour voter si, de toute façon, le résultat le plus important échappe au citoyen? Pourquoi s’impliquer politiquement si notre voix ne peut pas influencer ce qui se passe au sommet de l’État?

Nous assistons, impuissants, au meurtre de la politique, c’est-à-dire à l’étouffement de l’espace de délibération où les aspirations des citoyens peuvent espérer trouver écho. Et lorsque la politique meurt, c’est le bonheur des populations qui meurt, faute de perspectives de changements et d’améliorations.

Le Togo ne mérite-t-il pas que chaque citoyen, par son bulletin de vote, puisse influer sur la vie de la nation? Si la réforme constitutionnelle n’est pas revue, nous pourrions sombrer dans un coma collectif, une catalepsie. Le Togo doit aspirer à devenir une terre d’espoirs, de libertés, de progrès et de prospérité, pas une terre d’UNIR.     

N’djo

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