A la retraite depuis vingt ans, Siwanou TOKINLO-AMOUZOUVI, Inspecteur de l’Education n’arrête pas d’apporter sa contribution à la cause de la formation de nos enfants. Auteur de plusieurs ouvrages, il nous parle d’un outil formidable malheureusement disparu : les Conseils d’enseignement.
Expliquez-nous ce que c’est qu’un Conseil d’enseignement
Le concept a vu le jour dans notre pays au lendemain de l’avènement de l’école nouvelle, suite à la Réforme de 1975. Il est une entité géographique à caractère socio-pédagogique au sein d’une inspection pédagogique. Il s’apparente à la structure anciennement désignée sous le vocable de « Secteur pédagogique », surtout dans l’enseignement primaire. Mais il en diffère par son organisation et son fonctionnement.
Quels en sont les caractéristiques ?
Contrairement au Secteur pédagogique essentiellement caractérisé par les visites dans les écoles et autres séances de travail avec les enseignants, activités programmées par l’Inspecteur ou le Conseiller pédagogique suivant des axes de regroupement prédéfinis, le Conseil d’enseignement se présente comme une entité géographique, sociale et pédagogique autonome placée sous l’autorité de l’Inspecteur.
Le Conseil d’enseignement possède les caractéristiques suivantes : il est une zone géographique avec des frontières bien définies et il a une dénomination qui reflète un caractère naturel de la zone. Par exemples : les CE du Boulevard, de la Lagune, des Mines, du Grand Marché, du Centenaire, etc. Il dispose d’un siège où se déroule l’essentiel des activités, il est dirigé par un Bureau Exécutif (BE) élu en Assemblée Générale, regroupant l’ensemble des enseignants qui travaillent dans la zone. Il fonctionne suivant un plan d’action élaboré par le BE et approuvé en Assemblée Générale. Il dispose d’un budget autonome élaboré par le BE et adopté en Assemblée Générale.
Il vise quels objectifs ?
L’objectif primordial d’un Conseil d’enseignement est le renforcement des capacités pédagogiques et administratives des enseignants membres. Il s’agit essentiellement d’échanges d’expériences entre les anciens enseignants et les moins anciens d’une part ; entre les plus expérimentés et les moins expérimentés d’autre part.
Ces échanges peuvent porter sur l’organisation de l’école et de la classe, la préparation et l’exécution des travaux à l’école, la pédagogie générale qui informe sur les différents courants pédagogiques, la pédagogie spéciale qui s’occupe de la didactique des disciplines, les préparations aux différents examens professionnels, les rapports entre l’école et le milieu etc.
Au-delà de cet aspect strictement lié à la profession, le CE permet, (ce qui n’est pas négligeable), un brassage entre les enseignants d’une même zone et qui se connaissent mieux. Ils fraternisent et collaborent mieux. Le clivage entre chefs d’établissement et collaborateurs s’estompe. La fraternité prend le dessus.
Comment fonctionne un Conseil d’Enseignement ?
Il fonctionne comme une organisation sociale dynamique. Réunis en Assemblée générale, les membres, à savoir chefs d’établissement et adjoints, élisent un Bureau Exécutif (BE) qui prend en main la destinée dudit Conseil d’enseignement. Celui-ci élabore un Règlement Intérieur qu’il soumet à l’approbation de tout le Conseil. A partir des thèmes d’étude retenus en Assemblée Générale, le BE élabore un plan d’action annuel précisant toutes les actions à mener au cours de l’année, les acteurs et les périodes de ces actions. Une fois amendé et adopté, le plan élaboré devient une feuille de route pour le BE qui est généralement composé du Président, Vice-président, Secrétaire, Secrétaire-adjoint, Trésorier, Trésorier-adjoint, Conseillers (2).
Toute session de formation est précédée par une convocation qui précise l’ordre du jour, la date et l’heure du début des travaux de ladite session ; les dispositions administratives au niveau de l’Inspection ayant déjà été prises en amont. Les Inspecteurs ainsi que les Conseillers pédagogiques sont invités en leurs qualités de chefs hiérarchiques, pour leurs expertise et conseils. Les travaux se déroulent dans une ambiance de fête. Il y a à manger, il y a à boire.
Pour les leçons de démonstrations devant servir d’introduction aux débats, l’enseignant désigné bénéficiera des aides et apports d’autres collègues de son choix en vue des préparatifs des séances.
Qui finance le fonctionnement du Conseil d’enseignement ?
Tous les documents relatifs à la création du Conseil d’enseignement ayant été transmis à l’Inspecteur, celui-ci est désormais informé de l’existence dans sa circonscription de cet outil d’encadrement qui vient l’aider dans ses tâches classiques.
En Assemblée Générale, il sera décidé d’un quota de cotisation par école, et selon l’importance de chacune d’elles. Chaque école sera invitée à introduire à l’Inspecteur, une demande d’autorisation de dépense dans ce cadre. Tous les fonds collectés et déposés sur un compte ouvert à cet effet, sont à la disposition des trésoriers qui engagent les dépenses sur ordre du BE.
Les Conseils avaient-ils un réel impact sur la qualité de l’enseignement ?
Bien sûr. Ils étaient une structure d’encadrement supplémentaire des enseignants au service de l’inspection qui, le plus souvent, se trouve débordée par suite d’autres activités connexes liées à l’administration générale. Quand bien même l’Inspecteur soit occupé ailleurs, ses activités de formation du personnel se poursuivent. Les échanges entre collègues sont libres et sans tabou. La fraternité et la complémentarité jouent pleinement leur rôle. Les nouveaux enseignants sont pris en charge sur le terrain par leurs aînés qui leur transmettent leurs savoirs et savoir-faire professionnels. Les anciens aussi peuvent se réactualiser en se frottant aux plus jeunes, peut-être plus diplômés. Tout ceci se réalise au profit des apprenants qui seront désormais mieux encadrés et mieux instruits.
Propos recueillis par N’djo
LE CONSEIL D’ENSEIGNEMENT A FAIRE NAITRE OU RENAITRE DANS LES INSPECTIONS D’ENSEIGNEMENT
Par Siwanou TOKINLO-AMOUZOUVI
Inspecteur émérite de l’Education
Tél : 90043160/99611651
-Concept
-Caractéristiques
-Objectifs
-Fonctionnement
-Ressources ;
-Impacts
I-Concept
Le concept de Conseil d’enseignement (CE) a vu le jour dans notre pays au lendemain de l’avènement de l’école nouvelle, suite à la Réforme de 1975. Le Conseil d’enseignement est une entité géographique à caractère socio-pédagogique au sein d’une inspection pédagogique. Il s’apparente à la structure anciennement désignée sous le vocable de « Secteur pédagogique », surtout dans l’enseignement primaire. Mais il en diffère par son organisation et son fonctionnement.
II-Caractéristiques
Contrairement au Secteur pédagogique essentiellement caractérisé par les visites dans les écoles et autres séances de travail avec les enseignants programmés par l’Inspecteur ou le Conseiller pédagogique suivant des axes de regroupement prédéfinis, le Conseil d’enseignement se présente comme une entité géographique, sociale et pédagogique autonome placée sous l’autorité de l’Inspecteur.
Le Conseil d’enseignement (CE) possède les caractéristiques suivantes :
– Il est une zone géographique avec des frontières bien définies.
– Il a une dénomination qui reflète un caractère naturel de la zone. Par exemples : les CE du Boulevard, de la Lagune, des Mines, du Grand Marché, du Centenaire, etc…
– Il dispose d’un siège où se déroule l’essentiel des activités.
– Il est dirigé par un Bureau Exécutif (BE) élu en Assemblée Générale, regroupant l’ensemble des enseignants qui travaillent dans la zone.
– Il fonctionne suivant un plan d’action élaboré par le BE et approuvé en Assemblée Générale.
– Il dispose d’un budget autonome élaboré par le BE et adopté en Assemblée Générale.
III-Objectifs
L’objectif primordial d’un Conseil d’enseignement est le renforcement des capacités pédagogiques et administratives des enseignants membres. Il s’agit essentiellement d’échanges d’expériences entre les anciens enseignants et les moins anciens d’une part ; entre les plus expérimentés et les moins expérimentés d’autre part.
Ces échanges peuvent porter sur :
– L’organisation de l’école et de la classe.
– La préparation et l’exécution des travaux à l’école.
– La pédagogie générale qui informe sur les différents courants pédagogiques.
– La pédagogie spéciale qui s’occupe de la didactique des disciplines.
– Les préparations aux différents examens professionnels.
– Les rapports entre l’école et le milieu.
– Etc…
Au-delà de cet aspect strictement liés à la profession, le CE permet, (ce qui n’est pas négligeable), un brassage entre les enseignants d’une même zone et qui se connaissent mieux. Ils fraternisent et collaborent mieux. Le clivage entre chefs d’établissement et collaborateurs s’estompe. La fraternité prend le dessus.
IV- Fonctionnement
Le Conseil d’enseignement fonctionne comme une organisation sociale dynamique. Réunis en Assemblée générale, les membres, à savoir chefs d’établissement et adjoints, élisent un Bureau Exécutif (BE) qui prend en main la destinée dudit Conseil d’enseignement. Celui-ci élabore un Règlement Intérieur qu’il soumet à l’approbation de tout le Conseil. A partir des thèmes d’étude retenus en Assemblée Générale, le BE élabore un plan d’action annuel précisant toutes les actions à mener au cours de l’année, les acteurs et les périodes de ces actions. Une fois amendé et adopté, le plan élaboré devient une feuille de route pour le BE.
Composition du Bureau Exécutif : (adaptable)
– Président ;
– Vice-président ;
– Secrétaire ;
– Secrétaire-adjoint ;
– Trésorier ;
– Trésorier-adjoint ;
– Conseillers (2).
Toute session de formation est précédée par une convocation qui précise l’ordre du jour, la date et l’heure du début des travaux de ladite session ; toutes les dispositions administratives au niveau de l’Inspection ayant déjà été prise en amont.
Le (ou les) Inspecteur (s) ainsi que les Conseillers pédagogiques sont prioritairement invités en leurs qualités de chefs hiérarchiques, pour leurs expertise et conseils.
Les travaux se déroulent dans une ambiance de fête. C’est l’une des caractéristiques essentielles du Conseil d’enseignement. Il y a à manger, il y a à boire. Toutes les dispositions sont prises dans ce sens par le BE.
Pour les leçons de démonstrations devant servir d’introduction aux débats, l’enseignant désigné bénéficiera des aides et apports d’autres collègues de son choix en vue des préparatifs des séances.
V- Ressources
Tous les documents relatifs à la création du Conseil d’enseignement ayant été transmis à l’Inspecteur, celui-ci est désormais informé de l’existence dans sa circonscription de cet outil d’encadrement qui vient l’aider dans ses tâches classiques.
En Assemblée Générale, il sera décidé d’un quota de cotisation par école, et selon l’importance de chacune d’elles. Chaque école sera invitée à introduire à l’Inspecteur, une demande d’autorisation de dépense dans ce cadre.
Tous les fonds collectés et déposés sur un compte ouvert à cet effet, sont à la disposition des trésoriers qui engagent les dépenses sur ordre du BE.
VI- Impacts
Le Conseil d’enseignement devient une structure d’encadrement supplémentaire des enseignants au service de l’inspection qui, le plus souvent, se trouve débordée par suite d’autres activités connexes liées à l’administration générale. Quand bien même l’Inspecteur soit occupé ailleurs, ses activités de formation du personnel se poursuivent. Les échanges entre collègues sont parfois libres et sans tabou. La fraternité et la complémentarité jouent pleinement leur rôle. Les enseignants nouvellement engagés sont pris en charge sur le terrain par leurs aînés qui leur transmettent leurs savoirs et savoir-faire professionnels. Les anciens aussi peuvent se réactualiser en se frottant aux plus jeunes, peut-être plus diplômés, etc.
Tout ceci se réalise au profit des apprenants qui seront désormais mieux encadrés et mieux instruits.
