A partir du 29 janvier 2025, la CEDEAO perdra définitivement les trois pays de l’AES : le Mali, le Niger, le Burkina Faso. Les médiations du Togo et du Sénégal n’ont pas suffi pour trouver un terrain d’entente. Une période de 6 mois devrait permettre de préparer les modalités du départ. La CEDEAO en profite pour réaffirmer que ses portes restent ouvertes aux trois pays, même si chacun sait d’ores et déjà que le divorce est consommé.

La manière dont la plupart des pays africains voient désormais l’avenir et leur place dans le monde a énormément changé. En plus, la situation sécuritaire particulièrement difficile que les trois pays de l’AES connaissent à cause du terrorisme (conséquence des décisions des pays occidentaux dans l’affaire de la Libye et dans la gestion du Moyen-Orient), les pousse à accélérer la recherche de nouvelles solutions en diversifiant leurs alliances stratégiques avec d’autres puissances étrangères, refusant de continuer à miser uniquement sur les anciens ‘‘amis’’ occidentaux, et encore moins sur la France. Leur situation et leurs expériences les pousse à se montrer très exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes et de l’organisation sous régionale trop flexible, voire laxiste et souvent incline aux compromissions qu’est la CEDEAO. Et c’est là, le principal point de discorde.

Il est évident que dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut évoluer seul. Les trois pays l’ont compris et ont formé l’AES. Dans toutes les parties du monde, c’est l’ère de la création d’unions, de marchés communs, d’intégrations.
Le cours de l’histoire du continent africain démontre clairement que ses populations et nombre de ses dirigeants ne sont plus prêts à tout accepter de la part de l’extérieur. L’AES montre l’exemple. Elle n’est peut-être pas parfaite, mais elle envoie un message de courage, de volonté et surtout un message de fermeté dans la vision.
L’AES révèle que l’intérêt supérieur des peuples, l’effectivité du panafricanisme politique et économique, la réalité de la souveraineté sont en train de devenir des sujets très importants pour les pays, les dirigeants, les peuples d’Afrique, et une évolution dans la conception des organisations régionales commence à se confirmer. La rupture entre les trois Etats et l’organisation sous régionale n’est pas une rupture entre les peuples, ni entre les marchés. Les personnes et les biens continueront de circuler.

L’Afrique a droit à une autre destinée que celle de la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. L’histoire est en marche vers plus de souveraineté, avec intelligence, stratégie, rigueur, audace. Notre histoire nous concerne tous et nous implique à différents degrés. Les générations futures nous jugeront.
John
